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Le Peuple et “la France moisie”

Par Stéphane François

Cette campagne présidentielle a montré de nouveau le mépris de certaines élites médiatiques vis-à-vis des classes populaires, en raison du score élevé du Front national, reprenant à leur compte le postulat de Philippe Sollers quant à l’existence d’une supposée « France moisie » (1). Toutefois, évidemment, la réalité est plus subtile. À l’époque, ce texte avait fait scandale, mais l’idée persista et s’enracina chez certaines élites. Elle réapparut régulièrement depuis, tel un serpent de mer, chez des « faiseurs d’opinions » et chez certains intellectuels. Nous retrouvons dans leur bouche le même mépris du peuple que celui des bourgeois de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle : un mépris de classe, les expressions « peuple » et « classes populaires » ayant dans leur discours une même connotation fortement péjorative (les « classes dangereuses »). Cela montre surtout une chose : cette élite, à l’instar de la bourgeoisie arrogante du XIXe siècle, fait preuve à la fois d’une méconnaissance du « peuple » et, paradoxalement, d’une idéalisation de celui-ci ; il doit être comme ils l’imaginent et non pas tel qu’il est. Petit retour en arrière. Lire la suite…

Après le premier tour de l’élection présidentielle, les analyses de la Gauche Populaire

Les analyses des membres du collectif Gauche Populaire (GP) ont été nombreuses et bien reprises dans les médias depuis dimanche. La troisième place de Marine Le Pen lors du premier tour de l’élection présidentielle et son score historique pour le FN : 18,03 % des suffrages, soit plus de 6,4 millions d’électeurs, a en effet confirmé les travaux et réflexions menés par le collectif depuis des mois. Il y a longtemps que la GP a malheureusement prévu ce succès en tentant de comprendre les ressorts d’un tel vote dans les catégories populaires en particulier, et essayé d’attirer l’attention à gauche sur le sujet. Voir notamment l’article de Françoise Fressoz et Thomas Wieder : « La « France d’à côté » ne se sent plus représentée » (Le Monde du 06/12/2011), qui reprend en détail les analyses de Philippe Guibert, Alain Mergier et Christophe Guilly, ou encore l’interview de Sylvain Crépon par Coralie Delaume il y a quelques jours, dans laquelle il expliquait pourquoi Marine Le Pen serait bel et bien « le troisième homme » du premier tour. Lire la suite…

La « Gauche populaire » : késako ?

Ce sont les lecteurs de Marianne qui ont découvert les premiers l’existence de la « Gauche populaire ». Samedi, en page 34 de l’hebdo figurait un article intitulé « Hollande a plus d’un Guaino dans son sac », en référence à Henri Guaino, conseiller et plume de l’actuel président de la République.

Ainsi découvrit-on quelques-uns des visages de la « Gauche pop’ ». Parmi eux, le politologue Laurent Bouvet, qui vient de publier le « Sens du peuple » [1]. Le géographe Christophe Guilluy, co-auteur du « Plaidoyer pour une gauche populaire », dont nous eûmes l’occasion de parler ici, serait également de l’aventure, de même que Gaël Brustier, proche d’Arnaud Montebourg, et co-auteur de « Recherche le peuple désespérément »[2].

Le collectif, dont l’objet est de « ramener la gauche au peuple » serait par ailleurs composé membres caractérisés par « la diversité de leurs sensibilités et de leurs parcours politiques ». C’est en tout cas ce qu’annonce la page de présentation d’un blog tout récemment ouvert. Des membres fort dissemblables, donc, quoique généralement issus de la gauche, et qui se présentent comme « une conjuration » de « souverainistes ou fédéralistes, jacobins ou girondins, première ou deuxième gauche (…) voire, prodige, des écologistes ». Lire la suite…

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Article paru dans Marianne le 28 janvier 2012

Article paru dans Marianne le 28 janvier 2012

La gauche populaire : une conjuration

Au commencement étaient la Fondation Jean-Jaurès (FJJ) et son Observatoire de la Social-Démocratie (OSD) dont les participants comprirent rapidement qu’ils observaient tout sauf la social-démocratie finissante.

Au fil des séances, leurs regards se portèrent plutôt sur les néo-populismes en Europe et en France et ils cherchèrent la manière dont la gauche devait y répondre. Le groupe avait grandi et les membres brillaient par la diversité de leurs sensibilités et de leurs parcours politiques au sein de la gauche (sauf dérogation) : souverainistes ou fédéralistes, jacobins ou girondins, première ou deuxième gauche… on y comptait même quelques individus en délicatesse de gauche voire, prodige, des écologistes. Lire la suite…

Pour une citoyenneté une et indivisible

L’adoption par le Sénat, le 8 décembre, de la proposition de loi constitutionnelle concernant le droit de vote et l’éligibilité des étrangers non communautaires aux élections municipales répond, si l’on suit les arguments avancés par la gauche lors du débat, à un impératif moral autant qu’à une nécessité « progressiste » et un alignement sur « ce qui se fait déjà à l’étranger ». De plus, la promesse en ayant été faite dans les « 110 propositions » du candidat Mitterrand en 1981 et jamais tenue depuis, elle doit l’être maintenant.

Si on laisse de côté l’argument étrange des « 110 propositions » – quid en effet des autres propositions jamais mises en œuvre ? va-t-on aussi vouloir les honorer à tout prix ? ce texte est-il devenu une sorte de « table de la loi » de la gauche française pour des siècles ? –, on conviendra en revanche du côté humaniste de l’argument suivant lequel des étrangers vivant depuis longtemps en France et parfaitement intégrés devraient pouvoir participer aux décisions qui les concernent au même titre qu’un citoyen français. Lire la suite…

La gauche retrouvera-t-elle la voi(x)e du peuple ?

 Plaidoyer pour une gauche populaire

La gauche peut-elle renouer avec l’électorat populaire, ou est-elle vouée à « rechercher le peuple désespérément », comme l’ont craint un moment Gaël Brustier et Jean-Philippe Huelin ? Le Parti socialiste, considéré comme la principale formation de gauche,  retrouvera-t-il sa vocation originelle, ou laissera-t-il ouvriers et employés dériver vers les « populismes », pour demeurer ce qu’il est devenu : un parti de bobos ? C’est une question que l’on commence à se poser au PS. Certains ont même fait mieux, en s’efforçant d’y répondre. S’arrachant aux « impensés de la gauche », un groupe d’intellectuels [1], réunis autour de deux élus socialistes [2], nous livrent, à quelques mois du scrutin présidentiel, un véritable « Plaidoyer pour une gauche populaire » [3]. Lire la suite…